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À peine arrivé sur le trottoir, Smithback se précipita vers Central Park et emprunta l’entrée de la 77e Rue. Quelques instants plus tard, il se jetait sur un banc près du lac. Un soleil d’automne particulièrement chaud confirmait la réputation de l’été indien à New York. Smithback commença par se remplir les poumons d’air frais tout en se félicitant de ses talents d’enquêteur. Mon petit vieux, tu seras toujours le meilleur, se dit-il avec sa modestie coutumière. Son vieil ennemi Bryce Harriman n’aurait jamais pu réussir un coup pareil, même si on lui avait payé un stage d’un an avec David Copperfield. Pour faire durer le plaisir, il exhuma lentement de sa poche les trois feuillets escamotés au Muséum et prit le temps de respirer l’odeur de poussière qui s’en dégageait avant de les examiner plus en détail.

Il s’agissait de très vieux carbones pâles et jaunis, difficiles à déchiffrer. En en-tête du premier figurait la mention :

Collections du Muséum d’histoire

naturelle de New York

Demande d’autorisation

Nom du requérant : Professeur Enoch Leng, docteur en médecine (Oxford), officier de l’ordre de l’Empire britannique, membre de l’Académie des sciences

Parrainé par : Professeur Tinbury McFadden, département de mammalogie

Sur les recommandations de : Professeur Augustus Spragg, département d’ornithologie

Le requérant décrira brièvement ici les raisons de sa demande à l’intention des membres du Comité de Conservation du Muséum :

Je soussigné docteur Enoch Leng, en ma qualité de requérant, souhaite avoir accès aux collections d’anthropologie et de mammalogie du Muséum afin d’y poursuivre des recherches de taxinomie, en préparation de travaux comparatifs en matière d’anthropologie physique, d’ostéologie humaine et de phrénologie.

Le requérant déclinera ici l’ensemble de ses titres et diplômes universitaires, ainsi que ses distinctions honorifiques avec les dates correspondantes :

Je soussigné professeur Enoch Leng, en ma qualité de requérant, déclare posséder les diplômes et titres suivants : licence avec mention, Oriel College (Oxford) ; doctorat en philosophie avec mention très honorable à l’unanimité du jury, New College (Oxford) ; membre de l’Académie des sciences, 1865 ; membre du White’s Club, 1868 ; membre de l’Ordre de la Jarretière, 1869.

Le requérant indiquera ici son adresse permanente ainsi que son adresse actuelle à New York, si différente :

Professeur Enoch Leng

891 Riverside Drive, New York

New York

 

Laboratoire de recherche

Cabinet d’éléments naturels et de curiosités J. C. Shottum

Catherine Street, New York

New York

Le requérant fournira ici la liste de ses publications, et joindra obligatoirement en annexe copie d’au moins deux d’entre elles, en vue de leur évaluation scientifique par les membres du Comité.

Smithback regarda les autres feuillets avant de s’apercevoir qu’il avait dû laisser ces annexes capitales aux vieux dossiers dans sa précipitation.

La décision du Comité est exposée comme suit :

À dater de ce jour, 27 mars 1870, autorisation est accordée au professeur Enoch Leng d’accéder librement aux collections et à la bibliothèque du Muséum d’histoire naturelle de New York.

Signataire : Tinbury McFadden

Signé : E. Leng

Smithback jura entre ses dents. Sa bonne humeur s’était envolée aussi vite qu’elle était venue. Contre toute attente, le dossier de Leng était quasiment vide. De plus, son curriculum faisait apparaître un obstacle supplémentaire : Leng n’avait pas effectué ses études aux États-Unis où il aurait été facile de retrouver sa trace, mais en Angleterre. Évidemment, il pouvait toujours tenter sa chance en téléphonant aux collèges d’Oxford où il avait obtenu ses diplômes ; à condition, bien sûr, que Leng ait dit la vérité en remplissant son dossier. La liste de ses publications eut été nettement plus utile, et sans doute bien plus instructive. De toute façon, il était hors de question de retourner les chercher. Quelle connerie ! Alors que tout avait marché comme sur des roulettes !

Il feuilleta une nouvelle fois le dossier afin de s’assurer qu’il l’avait entièrement épluché. Ni photo ni éléments personnels. Pas même une date ou un lieu de naissance. Tout ce qui lui restait était cette adresse.

Merde, et encore merde !

Comme toujours chez Smithback, l’optimisme ne tarda pas à refaire surface. Grâce à O’Shaughnessy, il savait que Nora cherchait désespérément cette adresse. Avec un trophée comme celui-là, il avait au moins l’espoir d’échapper à la disgrâce.

Il fit un rapide calcul dans sa tête : le 891 Riverside Drive se trouvait dans les hauteurs de Manhattan, quelque part du côté de Harlem. Pour y être déjà passé, il savait que les vieilles demeures bourgeoises de la fin du XIXe siècle ne manquaient pas dans le quartier, et celles qui n’avaient pas été transformées en appartements étaient plus ou moins en ruine. La maison de Leng avait peut-être été rasée depuis longtemps, mais ça ne coûtait pas grand-chose d’aller vérifier sur place. Au minimum, il pouvait en tirer une photo pour illustrer son portrait de Leng, surtout si c’était une vieille maison inquiétante à la Psychose. Et qui sait s’il ne trouverait pas de nouveaux corps dans le jardin, ou bien dans la cave ? Ou alors Leng lui-même, en train de pourrir dans un coin, qui sait ? Voilà qui ferait les affaires de O’Shaughnessy, tout en permettant à Smithback de se réconcilier avec Nora. Il salivait d’avance en pensant à son article : « Un journaliste d’investigation retrouve le corps du premier tueur en série américain. » Bon, d’accord, les chances étaient plutôt minces de retrouver Leng dans sa maison, mais quand même...

Il regarda sa montre. II était presque 13 heures.

En y repensant, il se disait que le dieu des journalistes ne se montrait décidément pas très généreux avec lui. Tout ce subterfuge pour une simple adresse ! Mais ce n’était pas le moment de se décourager ; en moins de deux heures, il pouvait s’assurer que la maison se trouvait toujours là, ce qui n’était déjà pas si mal.

Smithback remit le carbone du dossier de Leng dans sa poche et se dirigea d’un bon pas vers Central Park West. Pas la peine de prendre un taxi, jamais un chauffeur n’accepterait de l’emmener dans un quartier aussi pourri. Même s’il y parvenait, il ne trouverait jamais personne d’autre sur place pour le ramener en ville, et Smithback n’avait pas la moindre intention de se balader à pied dans un coin aussi dangereux, même en plein jour.

Le mieux à faire était de louer une voiture. Le Timesavait un accord avec Hertz qui possédait justement une succursale à deux pas de là, sur Columbus Avenue. En y réfléchissant, Smithback se disait que si la maison était encore debout, il voudrait faire un tour à l’intérieur, parler aux occupants actuels ou aux voisins, histoire de voir si on n’avait rien retrouvé d’anormal pendant les travaux de rénovation. Les pistes ne manquaient pas, mais tout ça pouvait prendre du temps et il ferait nuit quand il aurait terminé.

Aucun doute, le mieux était vraiment de louer une voiture.

Trois quarts d’heure plus tard, il remontait Central Park West au volant d’une Ford Taurus gris métallisé. Il avait à nouveau le moral au beau fixe, persuadé qu’il tenait l’article du siècle. Après sa petite enquête sur Riverside Drive, il comptait poursuivre ses recherches à la Bibliothèque municipale dans l’espoir de retrouver d’anciennes publications de Leng. Il pourrait peut-être aussi demander l’autorisation de fouiller les archives de la police afin de s’assurer qu’aucun crime suspect n’avait été découvert près de la maison de Leng de son vivant.

Avec un peu de chance et beaucoup d’opiniâtreté, ce serait bien le diable si Smithback n’arrivait pas à faire de Leng un nouveau Jack l’Éventreur. La ressemblance était là, il suffisait d’enrober ça avec un poil d’imagination et une bonne dose de savoir-faire.

Pour peu qu’il découvre suffisamment d’éléments nouveaux, Smithback tenait même le thème de son prochain livre. Et avec un sujet pareil, le prix Pulitzer ne pouvait plus lui échapper.

Mieux encore - aussi bien, en tout cas -, ces nouvelles découvertes allaient lui permettre de recoller les morceaux avec Nora, en lui évitant de perdre des heures à fouiller dans les archives du cadastre. Pendergast serait content, et Smithback sentait bien que l’inspecteur était son meilleur allié s’il voulait reconquérir Nora. Décidément, cette petite enquête ne se présentait pas trop mal.

Après avoir longé Central Park sur toute sa longueur, il bifurqua sur Cathedral Parkway pour reprendre Riverside Drive un peu plus loin. Une fois passée la 125e Rue, Smithback ralentit pour lire plus aisément les numéros des maisons à moitié en ruine. Le 670, le 701... Il continua, les nerfs à vif. Il ne devait plus se trouver très loin.

Soudain, son regard s’arrêta sur le 891 Riverside Drive.

Il n’en croyait pas ses yeux. La maison de Leng était toujours là, sinistre à souhait !

Passant au ralenti, il scruta longuement la façade avant de prendre la 138e Rue à droite afin de faire le tour du pâté de maisons, le cœur battant.

Le 891 était une vaste demeure bourgeoise de style beaux-arts, avec une entrée à colonnade rehaussée de motifs néobaroques. On distinguait même un écusson en relief au-dessus de la porte principale, à laquelle on accédait depuis Riverside Drive par un petit chemin boisé en triangle. En repassant devant la maison, Smithback ne distingua pas la moindre rangée de sonnettes, et constata que les fenêtres du rez-de-chaussée étaient solidement condamnées à l’aide de planches recouvertes de tôle ondulée. La vieille demeure n’avait visiblement jamais été transformée en appartements, à l’image de beaucoup d’autres vieux immeubles des environs que leurs anciens propriétaires avaient préféré abandonner. À mesure que le quartier se transformait en ghetto, ces maisons étaient devenues trop chères à entretenir, trop chères à démolir, trop chères à rénover. Nombre d’entre elles avaient été saisies pour non-paiement des taxes municipales, et les services de la ville s’étaient contentés de les condamner en attendant des jours meilleurs.

Smithback s’arrêta à hauteur du 891. Par la vitre de sa voiture côté passager, il tentait d’emmagasiner le maximum de détails. À l’étage, les fenêtres n’étaient pas obstruées et les carreaux avaient même l’air intacts. L’endroit était étonnant. Une vraie maison de cauchemar pour tueur en série. Il voyait déjà la silhouette sinistre de la vieille demeure à la une du Times. Il n’en faudrait pas davantage pour que la police vienne fouiller les lieux et découvre d’autres cadavres. De mieux en mieux !

Mais comment faire ? Le mieux était de trouver à se garer et d’aller jeter un coup d’œil.

Il redémarra et fit à nouveau le tour du pâté de maisons, à la recherche d’une place. Pour un quartier aussi pouilleux, les bagnoles ne manquaient pas ; des tas de ferrailles, des vieilles Eldorado de maquereaux blacks, mais aussi des 4x4 rutilants avec des haut-parleurs comme des frigidaires. Smithback finit par trouver un emplacement à moitié interdit dans une petite rue à plusieurs centaines de mètres de là. S’il avait su, il aurait demandé une voiture avec chauffeur, pour qu’on l’attende pendant qu’il faisait le tour de la baraque. Maintenant, il allait devoir se taper dix minutes à pied en plein Harlem. Exactement ce qu’il avait voulu éviter.

Il se gara tant bien que mal, regarda autour de lui d’un air inquiet, puis il sortit de l’auto et la verrouilla avant de se diriger vers la 137e Rue à grandes enjambées. Pas trop vite quand même pour ne pas attirer l’attention.

Quelques minutes plus tard, il s’arrêtait devant l’entrée majestueuse du 891. L’air faussement détaché, il commença par étudier la maison en détail.

Pas de doute, ce n’était pas le premier taudis venu. La maison avait même dû être l’une des plus belles des environs, avec ses trois étages de brique et de marbre, son toit d’ardoises mansardé, ses fenêtres ovales, ses bas-reliefs incrustés courant le long de la façade, ses tourelles, et même un belvédère. Sur la rue, la propriété était protégée par une haute grille en fer, hérissée de pics rouillés ; des déchets de toutes sortes s’étaient accumulés dans le parc, au milieu d’une jungle de mauvaises herbes, de sumacs et d’ailantes dominée par une forêt d’arbres morts. De l’autre côté, les fenêtres des étages donnaient sur l’Hudson et sur la masse imposante d’une station d’épuration.

Smithback frissonna avant de jeter un dernier regard autour de lui, puis il emprunta le petit chemin et s’approcha du bâtiment. Les gangs du quartier s’étaient amusés à dessiner des tags bariolés sur le marbre de la façade. Des monceaux de détritus poussés par le vent avaient fini par s’accumuler dans les renfoncements du mur. Smithback tourna le coin et découvrit une lourde porte de chêne plein, sans ouverture ni judas. Elle était couverte, de graffitis, mais n’avait pas l’air condamnée.

Le journaliste s’approcha. Il régnait partout une odeur d’urine épouvantable. Une personne bien intentionnée avait déposé une vieille couche de bébé près de la porte, et des sacs-poubelles éventrés étaient entassés dans un coin. Les chats et les rats du quartier ont dû s’en donner à cœur joie, songea Smithback. Au même moment, un énorme rat émergea du tas d’ordures, le ventre rebondi et l’œil insolent. Il observa le journaliste un instant avant de s’enfoncer dans un trou.

Smithback remarqua deux petites fenêtres ovales, situées de part et d’autre de la porte d’entrée. Elles étaient recouvertes de tôle ondulée, mais il arriverait peut-être à les dégager. Il pesa de tout son poids sur la première afin de tester sa résistance, puis il fit de même avec la seconde, en vain. Pas la moindre prise pour arracher la tôle, et aucun moyen de voir à l’intérieur. La porte en chêne avait l’air tout aussi solide et Smithback faillit renoncer à pénétrer dans la maison. Sans outil, l’antre de Leng était imprenable. Qui sait si quelqu’un y avait même pénétré depuis la mort de son propriétaire ?

D’un autre côté, il restait peut-être des indices et des objets personnels à l’intérieur du bâtiment. Ou encore les restes de victimes.

Et une fois que la police serait passée par là, il ne resterait rien pour lui.

La tentation était trop forte, il lui fallait trouver le moyen d’entrer.

Il leva les yeux vers les étages. Il avait fait pas mal d’escalade dans sa vie, notamment lors de son séjour dans les canyons de l’Utah, lorsqu’il avait rencontré Nora. Il recula de quelques pas afin d’examiner la façade, et remarqua suffisamment de corniches et de bas-reliefs sur les murs pour trouver de bons appuis. Aucun risque qu’on puisse le voir de la rue. Pourquoi ne pas tenter sa chance avec l’une des fenêtres du premier étage ? Juste le temps de jeter un coup d’œil.

Il regarda autour de lui. Les environs étaient déserts, la vieille demeure parfaitement silencieuse. Smithback se frotta les mains, repoussa son épi, glissa un mocassin entre deux pierres de taille, et entama l’escalade de la façade.

[Aloysius Pendergast 03] La chambre des curiosités
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